s : quel est le fil conducteur de la revue?

n : c'est un magazine assez schizophrène à la base. il y a un visage plus humoristique, plus léger et certaines personnes adhèrent juste à ce côté-là. mais il y a tout un autre aspect, avec l'irrévérence qui est de dire des choses qu'on ne dit pas dans les autres médias, des choses importantes en terme de ce qu'on pense vraiment, nous, les gens (je te dirais les 18-35 ans) on a une tendance à ne pas mâcher nos mots... mais l'idée de p45 c'est de pas se gêner et que si on aime quelque chose beaucoup qu'on le dise, même si après coup on peut se rendre compte qu'on a peut-être un peu trop capoté sur le coup, c'tait pas si bon que ça. mais c'est de se laisser emporter et de pas se gêner, c'est ça l'esprit. autant le côté humoristique que le côté sérieux se rejoignent dans ma tête, puis forment juste un pour moi. c'est une seule vision, une façon de voir les choses : on ne se prend pas soi-même au sérieux et on ne prend pas ce qui nous entoure au sérieux, que ce soit l'art, la politique, les questions sociales... on est un peu détachés de tout ça. mais, en même temps, on veut que les choses qui comptent pour nous soient représentées dans le magazine avec passion, une passion qu'on ne retrouve pas dans d'autres médias au regard critique, analytique dont on veut se distancer.

s : souvent vous avez plus l'air de critiquer des choses que d'être emballés ...

n : ouais... avec le recul on pourra mieux dire. mais j'ai l'impression que, dans les premiers numéros surtout, on a une volonté de se démarquer en disant " ça on n'aime pas ça, c'est pas bon et on est tanné que les médias traditionnels fassent comme si c'était bon et intéressant " et vraiment des coups de gueule et d'exagérer un peu volontairement... parce que je trouve que les médias au québec sont vraiment très gnagna, pis licheux, pis faire comme si tout le monde était bon, tout le monde est gentil. une de mes idées, c'était de dire ce que les gens se disent vraiment entre eux mais qu'on ne retrouve pas dans les médias. mais c'est sûr que beaucoup de gens sont restés accrochés là-dessus, l'idée qu'on fait juste chialer. y'a un peu de vrai là-dedans, mais avec le temps je pense qu'on va pouvoir plus affirmer ce qu'on aime autant que ce qu'on n'aime pas!

s : qui est Kobel? est-ce que ce sont des amis?

n : Kobel existe pour de vrai. c'est un vrai magasin de jeux vidéos dans le sud-ouest de montréal et effectivement, le propriétaire est un ami à moi. c'est un gars que j'admire beaucoup parce qu'au niveau financier ça lui donne rien : on n'est même pas distribué dans le sud-ouest de montréal (juste dans le centre). alors c'est vraiment juste du mécénat pour lui parce qu'il tripe sur p45 et qu'il veut nous encourager. je serai toujours reconnaissant pour ça.

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