Octobre 2001, Montréal

Murió la verdad
¿Si resucitará?


La dernière fois que je suis allée te voir à New York, c'était il y a un mois, un jour avant la chute du World Trade Centre, que nous avons regardé s'écraser depuis le trottoir, devant chez toi. Nous avons passé les quatre jours suivants dans ton appartement à Brooklyn, les fenêtres bien fermées. La poussière de l'incendie s'était déplacée en nuages apocalyptiques au-dessus de l'East River et il était impossible de respirer à l'extérieur. Dans l'air s'exhalait une odeur de fumée, de toxines et de corps brûlés, de milliers de corps brûlés. Nous avions tellement envie l'un de l'autre. Satisfaire cette envie, c'était tout ce que nous pouvions faire au milieu du bruit constant des sirènes et des nouvelles radiotélévisées annonçant une nouvelle guerre dans le monde. Ne pouvant calmer mon esprit, je devais trouver ma paix en toi. Nous ne sommes pas si loin de cette guerre et voici un document brûlé qui s'est envolé et s'est retrouvé dans la rue, près de l'immeuble où tu habites. Capitaux, contrôle du marché, profit : ces quelques mots revêtent une grande signification maintenant. Le monde sera consumé par la cupidité et ce ne sera pas la dernière fois que le livre de l'amour sera brûlé. Les hommes sont mauvais. Ils ne savent pas comment aimer. Le livre ne leur sert à rien car ils ne savent même pas le lire. Ses mots sont trop simples et son langage trop pur.
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